Tikal et l’architecture grandiose des cités Mayas
L’abandon des gigantesques cités Mayas demeure un mystère. Peuple d’Amérique centrale, les Mayas sont les fondateurs d’une civilisation évoluée qui s’étendait sur les actuels États mexicains du Yucatan et des Chiapas, et sur le Honduras et le Guatemala. Enfouies dans les forêts tropicales, ces villes, de véritables mégapoles, connues depuis le XIXème siècle, forment un complexe réseau architectural. La plus fameuse d’entre elles est l’étonnante cité de Tikal.
Une civilisation complexe
Si les Mayas sont surtout des agriculteurs, les poteries retrouvées témoignent de l’habileté de leurs artisans. Ils possèdent également le premier système d’écriture complet de l’Amérique précolombienne, et leurs connaissances astronomiques sont étonnantes. La société, théocratique, c’est-à-dire entièrement pensée en fonction d’un ordre religieux, repose sur un système de castes, et des sacrifices humains sont pratiqués.
À l’apogée de leur histoire (entre 625 et 800 de notre ère), les Mayas construisent de grandes villes. Ce sont des centres politico-religieux et administratifs, les habitations se répartissant aux alentours de l’agglomération proprement dite. L’édifice typique du centre-ville est le temple couvert d’une voûte particulière, formée par deux murs parallèles qui vont en s’épaississant vers l’intérieur, et surmonté d’une crête faîtière.
Des cités Mayas gigantesque
Quatre villes se distinguent par des constructions immenses, dont la configuration donne une idée précise de la technique des architectes :Tikal (Guatemala), Copan (Honduras), Palenque et Uxmal (Mexique). Tikal la plus grande de toutes, s’étend sur environ 10 km2• Au cœur de la cité se trouve une vaste cour rectangulaire destinée aux rites religieux. De part et d’autre de cette cour, s’élèvent en terrasse de gigantesques temples pyramides à gradins dont le plus haut atteint 70 m. Ils recouvrent les tombeaux des souverains de la cité. Plus de 3 000 constructions ont été dénombrées, dont de nombreux temples, palais et cours de jeux de balle, répartis sur trois acropoles et reliés entre eux par de larges chaussées. L’acropole nord, notamment, couvre plus d’un hectare et comprend seize temples, et sur l’acropole centrale se dresse un palais à cinq étages.
De nombreuses stèles sont en pierre nue -il est possible qu’elles aient été à l’origine crépies avec du plâtre, disparu comme les inscriptions qui y étaient gravées. Pour le reste des constructions, les Mayas ont fait venir d’autres régions des pierres plus dures. Lorsque l’on sait qu’ils ne connaissaient pas la roue mais utilisaient un simple système de courroies pour transporter eux-mêmes des objets, on imagine la difficulté qu’ils ont eue pour acheminer certains de ces matériaux. La construction de Tikal s’est d’ailleurs échelonnée sur 500 ans.
Un mystérieux abandon
Mais comment une civilisation à ce point brillante a-t-elle pu disparaître si rapidement? L’arrêt brutal de la construction des monuments religieux ou politiques est le premier signe de la décadence des Mayas. Pourtant, ce n’est pas seulement la vie culturelle qui se trouve ainsi freinée, puisque la population se met également à décroître, et la plupart des centres sont abandonnés en quelques années. Ainsi la population de Tikal, passe de 50 000 âmes à bientôt 5 000. A la fin du IXème siècle, il n’y a plus trace d’habitants dans la cité désertée.
Beaucoup d’explications ont été avancées pour expliquer cet abandon. Certaines font état de phénomènes naturels tels que séismes, changement de climat ou encore épidémies. Mais la géologie de la région contredit les deux premières thèses et on ne trouve pas trace d’une hécatombe par maladie. De même, aucun indice ne nous permet d’affirmer qu’une invasion étrangère est à l’origine de l’extinction de la culture maya : les quelques poteries découvertes provenant du golfe du Mexique ne sauraient constituer la preuve d’une guerre de conquête.
En se fondant sur la découverte de figurines de souverains mutilées, l’archéologue américain Eric Thompson penche plutôt pour des révoltes paysannes. Les jacqueries seraient venues à bout du pouvoir des dirigeants politiques et religieux et, bien que les paysans aient continué par la suite à vivre autour des cités, les édifices, faute d’être entretenus, seraient lentement tombés en ruine. Hypothèse séduisante, mais rendue fragile par le fait qu’on ne trouve, dans les vestiges des cités, aucune trace de luttes sanglantes. Pour certains chercheurs, l’effondrement de la civilisation maya proviendrait au contraire de causes plus naturelles : un épuisement du sol dû à une culture intensive du maïs. Mais l’établissement des champs sur des terrasses aurait dû normalement éviter une telle catastrophe écologique. Aucune des explications avancées ne résout ainsi le mystère de la désertion des cités ensevelies sous la jungle.