L’ordre des Templiers et son trésor disparu.
L’ordre des Templiers est plus riche que le royaume lorsque Philippe le Bel prononce sa condamnation. À l’origine d’un formidable essor économique, le Temple possède d’immenses domaines et des fortunes en numéraire. Pourtant, une faible partie seulement de cet or et de cet argent est saisie par les hommes du roi. Qu’est devenu le trésor des templiers ?
Les templiers sont soumis à une règle stricte inspirée de saint Augustin et modifiée par saint Bernard. Elle associe l’ordre à toutes les activités humaines, comme si le Temple devait en être l’organisateur. L’enrichissement est strictement codifié : l’ordre peut posséder, mais non les individus. Aucune dépense ne peut être faite au profit de l’un des membres. Si l’ordre est riche , les chevaliers restent pauvres. Rapidement, les dons affluent. Des seigneurs lèguent leurs biens au Temple. Les chevaliers de retour d’Orient rapportent les trésors pillés chez les musulmans… Le roi d’Aragon, Alphonse le Batailleur, veut même céder une partie de son royaume aux templiers, mais ces derniers préfèrent refuser. En 1270, l’ordre du Temple possède plus d’un millier de commanderies disséminées un peu partout. En 1307, le chiffre a doublé.
Moines chevaliers … et banquiers
Les templiers deviennent les premiers grands banquiers. Ils développent le commerce et donnent aux échanges la plus grande sécurité possible. Les routes templières du Moyen-Orient puis d’Europe sont gardées par des chevaliers, les brigands mis en échec. Face à l’incommodité de l’argent métal, ils développent le système de la lettre de change, déjà utilisé par les banquiers italiens -les Lombards : les nombreuses commanderies en France et en Europe forment un réseau serré de succursales bancaires.
Les riches prennent l’habitude de déposer leurs biens à la garde des templiers : le roi lui-même leur confie son trésor et son comptable est celui du Temple. Dans certaines régions, comme en Champagne, les commandeurs deviennent receveurs des impôts royaux. Des sommes considérables leur passent entre les mains. On estime qu’au sommet de leur puissance, les templiers possèdent plus de deux millions d’hectares de terres cultivées. L’ordre est propriétaire de la moitié des maisons de Paris et perçoit les loyers.
L’énigme de La Rochelle
L’immense fortune des templiers ne provient peut-être pas uniquement de ces revenus connus. En effet, un mystère entoure l’activité de la flotte templière dans le port de La Rochelle. Le village de pêcheurs devient une commanderie principale protégée par une double ceinture de commanderies secondaires. Sept routes templières importantes en partent pour rayonner vers les provinces. Une flotte importante à La Rochelle ne s’explique pas : les relations avec l’Angleterre s’effectuent depuis les Flandres. Un érudit du XIX’ siècle, Jean de La Varende, avance, dans son ouvrage les Gentilshommes, une hypothèse hardie : les templiers iraient en Amérique où ils exploiteraient des mines d’argent. Comment connaîtraient-ils le Nouveau Monde, bien avant sa «découverte» par Christophe Colomb ? Par des Normands qui auraient gardé le souvenir du «Vinland» des Vikings. Deux arguments pourraient appuyer cette thèse. On sait que Colomb a étudié d’anciennes cartes conservées chez les successeurs des templiers qui subsistent en Espagne. D’autre part, au Moyen Âge, l’argent est un métal rare. On frappe surtout des monnaies d’or et de bronze. Or, alors qu’aucune mine nouvelle n’est signalée, subitement, au XIVème siècle, les sources littéraires et artistiques évoquent souvent l’existence et la circulation de pièces d’argent.
Le 13 octobre 1307, tous les Templiers sont arrêtés et mis en prison.
La chute de l’ordre des Templiers
Le vendredi 13 octobre 1307, Philippe le Bel ordonne d’arrêter tous les templiers du royaume. Leur vrai crime : avoir prêté de l’argent au roi. Assuré de la complicité du pape, celui-ci préfère les exterminer que les rembourser. «Cette extinction du statut de l’ordre, de son habit, de son nom lui-même, nous l’avons, avec l’approbation du saint concile, décrétée. ( … ) Nous interdisons désormais à quiconque d’entrer dans ce t ordre, d’en revêtir l’habit et de se comporter en templier (…). Nous avons finalement décidé que ses biens (à l’ordre) seraient, à perpétuité, unis à l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem…» Par cette bulle Ad providam de 1312, le pape Clément décide de l’attribution de la fortune des templiers. Mais, dans les commanderies, les hommes du roi ne trouvent ni or, ni argent, ni archives. Ils ne peuvent se saisir que des terres et des bâtiments. Où sont les trésors du Temple ?
Caches et secrets de l’ordre des Templiers
La plus grosse part de la fortune du Temple n’est pas en métal précieux: il remet en circulation l’argent qu’il possède, en achetant terres et biens. Cependant, il y a dans chaque commanderie assez de numéraire pour assurer les dépenses et rembourser les lettres de change. De petits trésors.
Les caches devaient être préparées de longue date : chaque commanderie est bâtie sur un réseau de souterrains où pouvaient aisément s’aménager des endroits secrets. Les réseaux d’étangs artificiels souvent installés près des bâtiments ont suggéré une idée : les trésors seraient-ils enfouis sous le fond d’un étang susceptible d’être vidé à volonté ? Pourquoi pas. Les chasseurs de trésors n’en sont cependant guère plus avancés : la forêt d’Orient par exemple, haut lieu templier en Champagne, ne compte pas moins de cinquante-cinq étangs artificiels, en partie comblés depuis et envahis par les broussailles…
Sans doute quelques trésors ont-ils été trouvés -ainsi par l’abbé Saunières peut-être, à Rennes-le Château. Mais, pour certains, le secret des caches importantes se trouve au château de Chinon. Des dignitaires templiers ont gravé des symboles mystérieux dans la pierre de la salle où ils ont été détenus jusqu’à leur exécution : cœurs flamboyants, croix, triple enceinte, marelle, escarboucles. Peut-on lire dans ces signes des indications codées ? Les ésotéristes affirment que ce rébus permettra un jour à des initiés de retrouver la cache du plus grand des trésors que l’on prête aux templiers : le Graal.